Résumé :
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Le discours sur la citoyenneté, concept en vogue dans le champ social, a pénétré le secteur gérontologique. Et la "citoyenneté des personnes âgées" est devenue un élément incontournable de tout colloque sur l'avance en âge. Alors que les démographes annoncent, pour un avenir très proche puisqu'à l'horizon 2040, qu'un français sur trois sera une "personne âgée", il convient de s'interroger sur cette notion lourde de sens d'autant qu'un usage plus fréquent et donc moins rigoureux semble en être fait. Comment se définit la citoyenneté ? Existe-t-il des citoyennetés ? Quelles expressions revêt-elle chez des millions de personnes que le vocable fourre-tout de "population âgée" réunit sous une fausse et trompeuse homogénéité ? C'est à l'étude d'une partie de cette population quantitativement minoritaire mais qualitativement remarquable par le risque de marginalisation sociale qu'elle encourt, que le présent ouvrage s'intéresse : les personnes vivant en établissement de retraite. Conscient que l'entrée en établissement entraînait une restriction de la possibilité d'administrer sa propre vie, le législateur a introduit dans ces lieux un espace légal et codifié d'expression et d'information : le conseil d'établissement. Si la brèche ainsi creusée ouvre un champ de participation effective, le conseil devient-il pour autant outil de citoyenneté ? Sa non-appropriation par l'ensemble des bénéficiaires - que caractérise une grande hétérogénéité des facultés - peut en faire douter. Pourtant des dynamiques - encore isolées - pointent, des frémissements portés par l'arrivée incessante de "nouveaux vieux" laissent entrevoir des pistes non encore empruntées. Face à une dérive d'instrumentalisation qui codifie les pertes et pointe les incapacités, conviendrait-il peut-être alors de réinterroger, dans une démarche difficile mais incontournable, ce qui fonde le droit de cité.
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