Résumé :
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L’autonomie est aujourd’hui une vertu cardinale parce que les individus sont supposés, de plus en plus tôt, savoir s’orienter dans des sociétés complexes et rester adaptables. Or, définir sa propre trajectoire n’implique pas d’être seul, mais au contraire une capacité de dialogue qui s’exerce d’abord en lien avec des proches, avant de pouvoir être mise en œuvre dans son for intérieur. Si les jeunes sortants de l’ASE sont défavorisés dans cet apprentissage, ce n’est pas seulement parce qu’on exige d’eux une indépendance précoce, mais aussi parce que la prise en charge les soumet à des incertitudes particulières, consistant en aléas et en conditionnalité quant aux liens susceptibles d’être noués et conservés.
On montre ici que même lorsque les jeunes ont tissé une relation d’affiliation avec leur famille d’accueil, cette incertitude pèse sur leur construction identitaire, et ce jusqu’à ce qu’une configuration de liens autonomisante puisse être trouvée, ce qui implique de pouvoir compter sur un professionnel qui se distingue par son humanité.
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